La peinture de Lee Hyun Joung se trouve à la croisée de différents univers : ses racines culturelles coréennes, son goût raffiné pour la couleur et sa passion du papier. Naissent alors des paysages puissants aux sujets aquatiques, bucoliques, ou encore sableux, toujours issus de l’imagination débordante de l’artiste.

 

« Voyages imaginaires entre paradis et terre, chemin entre nuages et vallées, je crée des chemins étoilés pour les yeux. Mon univers est poétique. Comme un voyage intérieur, j'invite le spectateur en promenade, à me suivre à travers ces vues aériennes. Ils viennent de mon enfance en Corée, de mon amour infini de la peinture et de mon travail du métal; c'est à partir de ces trois aspects que j'ai construit mon univers. De mon passé en Corée, je garde la mémoire des matériaux et des croyances de mes ancêtres. Le papier de riz est la couche extérieure de ces souvenirs. Là-dessus se sont imprimées des empreintes de pas, des signes de vie, et j'imaginais déjà des peintures, des paysages. En France, j'ai repris cette matière première, je l'ai désagrégée dans l'eau, remodelée pour enlever son côté lisse et natif, et créer une texture irrégulière, plus vive. Je me suis réapproprié le papier de riz pour le rendre plus manifeste et partager mes chemins imaginaires. »

 

Dans son univers caractéristique entre terre et ciel, elle imagine des chemins où le regard du spectateur se promène avec contemplation. Elle invite à une promenade intérieure.

 

« De même qu'un parfum peut rappeler un certain moment, mes peintures, que j'appelle Chemins, peuvent éveiller l'histoire enfouie en chacun de nous, et nous impliquer dans un voyage personnel et spirituel. Chaque ligne est vue comme un jour, ou un instant que nous avons déjà vécu ou dans lequel nous vivons encore. Mes toiles carillonnent avec les chemins de nos vies et la visée de l'artiste est en effet dévoilée par les noms que je donne à mes œuvres. » 

 

Lee Hyun Joung travaille au plus proche des matériaux traditionnels coréens : en France elle réinvente le papier Hanji, pour créer son propre médium, prêt à recevoir sa peinture. Les lignes à l’encre de Chine (Muk en coréen), réhaussées parfois de pigments coréens se forment dans un mouvement ample, souple, continu où le pinceau guide l’artiste dans des méandres complexes et entremêlées. C’est alors que chacun commence son propre voyage, se projette dans un univers intime, empreint de nature et de poésie. La sensation prime, une montagne pourrait être une mer, une mer un paysage de dunes, des chemins une vague.

 

A travers certaines œuvres, on découvre également la technique traditionnelle du Bojagi, sorte de patchwork coréen transmis de génération en génération qui servait à emballer des objets précieux. Il se matérialise par de petits morceaux de peintures réutilisés qui donnent un relief nouveau à une œuvre. Rien ne se perd, la matière est sans cesse retravaillée, réintégrée pour faire naître un papier en relief dense et profond.

 

Lee Hyun Joung est née à Séoul en 1972, après une formation en arts plastiques à l’Académie des beaux-Arts de Sejong, à Seoul, elle vient étudier l’orfèvrerie en France. Aujourd’hui elle vit et travaille à Paris. Elle reçoit en 2017 le Prix Taylor de l’Art Capital du Grand Palais de Paris. Depuis plus d’une vingtaine d’années, les œuvres de Lee Hyun Joung ont été exposées en Europe, en Corée du Sud et en Chine par le biais de nombreuses expositions personnelles et de groupes.